LE CHEMIN DU PROGRÈS SE CONSIDÉRER COMME; Le Second Pas:Vous donc Aussi, Considérez-vous Comme; « Considérez-Vous » par la Foi; Les Tentations et les Chutes – le Défi de la Foi; Demeurer en Lui. |
CHAPITRE QUATRIÈME LE CHEMIN DU PROGRÈS SE CONSIDÉRER COMME...
Nous arrivons maintenant à un sujet sur lequel il y a une certaine confusion de pensée parmi les enfants de Dieu. Il s'agit de ce qui doit suivre cette connaissance. Arrêtons-nous bien, avant tout, sur chaque mot de Romains 6, 6 « Sachant bien que notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Le temps de ce verbe est des plus précieux, car il fait remonter avec précision l'action dans le passé. Elle a été accomplie une fois pour toutes. La chose a été faite, et elle ne peut plus être annulée. Notre vieil homme a été crucifié une fois pour toutes, et il ne eut lus aurais être non-crucifié. Voilà ce qu'il nous faut savoir.
Ensuite, sachant cela, qu'est-ce qui va suivre ? Relisons notre passage. Le prochain pas nous est montré au verset 11: « Vous donc aussi, considérez-vous comme morts pour le péché ». Ceci est la suite naturelle du verset 6. Relisons-le ensemble : « Sachant bien que notre vieil homme a été crucifié... vous donc aussi, considérez-vous comme morts ». C'est l'ordre naturel. Une fois que nous savons que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, le pas suivant est de le considérer comme mort.
Malheureusement, en présentant la vérité de notre union avec Christ, on a trop souvent mis l'accent sur ce deuxième point - nous considérer comme morts - comme s'il était le point de départ, tandis qu'il devrait être mis sur le premier fait essentiel - savoir que nous sommes morts. La Parole de Dieu montre clairement que « savoir » doit précéder « se considérer ». Sachant bien que... considérez vous ». Le fait que nous nous- considérons... doit être basé sur un fait divinement révélé, sinon la foi n'aurait pas de fondation sur laquelle s'appuyer. Lorsque nous savons, alors spontanément, nous nous considérons comme...
Ainsi, en touchant à cette question, il ne faudrait pas souligner avec trop d'insistance cette question de se considérer... On est trop porté à essayer de se considérer sans savoir. Si on n'a pas eu premièrement une révélation du fait par l'Esprit, et que l'on essaie cependant de se considérer, l'on est entraîné dans toutes sortes de difficultés. Lorsque survient la tentation, on commencera à se persuader fébrilement : « Je suis mort ; je suis mort ; je suis mort ! » mais par l'effort même, on finira par s'irriter. Et l'on dira alors : « Cela ne sert à rien. Romains 6, 11 ne peut pas être expérimenté ». Et il nous faut admettre que le verset 11 ne peut être vécu sans le verset 6. Et nous en arrivons donc à cette conclusion, - à moins de savoir comme un fait que nous sommes morts avec Christ, plus nous essaierons de nous considérer comme tels, plus intense sera le conflit, et plus certaine sera la défaite.
Durant des années après ma conversion, on m'avait enseigné à me reconnaître comme mort avec Christ. J'ai essayé de le faire de 1920 à 1927. Plus je me considérais comme mort au péché, plus j'étais manifestement vivant. Je ne pouvais simplement pas me croire mort, et je ne pouvais pas produire cette mort. Dès que je cherchais de l'aide chez les autres, on me disait de lire Romains 6, 11, et plus je lisais Romains 6, 11 en essayant de l'appliquer à moi-même, plus cette mort semblait s'éloigner ; je ne pouvais pas y arriver. J'étais tout à fait désireux d'obéir à cet enseignement et de me considérer comme mort, mais je ne pouvais comprendre pourquoi je n'y arrivais pas. Je dois confesser que cela me troubla durant des mois. Je disais au Seigneur : « Si je ne puis comprendre clairement, si je ne puis arriver à voir cette vérité si fondamentale, je ne ferai plus rien. Je ne prêcherai plus ; je ne veux plus Te servir ; je dois avant tout être parfaitement au clair sur cette question ». Je cherchai ainsi pendant des mois ; parfois je jeûnais, mais sans arriver à rien.
Je me souviens d'un matin - ce fut un matin que je ne pourrai jamais oublier - j'étais dans ma chambre haute, assis à mon bureau, et je lisais la Parole de Dieu, et priais. Et je dis : « Seigneur, ouvre mes yeux ! » Alors dans un éclair, je vis. Je vis mon union avec Christ. Je vis que j'étais en Lui et que, lorsqu'Il mourut, je mourus aussi. Je vis que la question de ma mort était une affaire du passé, et non de l'avenir, et que j'étais tout aussi mort que Lui, puisque j'étais en Lui lorsqu'Il mourut. La lumière avait enfin jailli en moi. Cette grande découverte me transporta d'une telle joie que je sautai de ma chaise et m'écriai, - « Que le Seigneur soit loué, je suis mort ! » Je descendis l'escalier en courant et rencontrai l'un des frères qui aidaient à la cuisine. Je le saisis et lui dis : « Frère, sais-tu que je suis mort ? » Je dois admettre qu'il eut l'air étonné. « Que voulez-vous dire ? » me répondit-il. Alors je continuai « Ne sais-tu pas que Christ est mort ? Ne sais-tu pas que je suis mort avec Lui ? Ne sais-tu pas que ma mort est un fait tout aussi certain que la Sienne ? » - Oh ! c'était tellement réel pour moi ! J'aurais voulu courir dans les rues de Shanghaï et y proclamer la nouvelle de ma découverte. A partir de ce jour, je n'ai jamais douté un seul instant du caractère définitif de cette parole : « J'ai été crucifié avec Christ » (Galates 2, 20).
Je ne veux pas dire que nous ne devions pas la mettre en pratique. Il y a certes l'application de cette mort que nous allons considérer dans un instant, mais nous avons ici, avant toutes choses, le fondement. J'ai été crucifié : cela a été fait.
Quel est donc le secret. qui nous amène à nous considérer comme morts ? Pour l'exprimer en un mot, c'est une révélation. Il nous faut une révélation de Dieu Lui-même. « Ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16, 17). « Je prie le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, de vous accorder un esprit de sagesse et de révélation, qui vous apprenne à le connaître, et d'illuminer les yeux de votre coeur afin que vous sachiez quelle est l'espérance que fait naître en nous son appel, quelles sont pour les saints les richesses de son glorieux héritage » (Ephésiens 1, êtres humains, puissions faire avec précision. Un artiste peint réalité de notre union avec Christ et c'est plus que la connaître comme une doctrine. Une telle révélation n'a rien de vague ni d'indéfini. Nous pouvons, la plupart d'entre nous, nous rappeler le jour où nous avons vu clairement que Christ est mort pour nous ; et nous devrions être également au clair sur le moment où nous avons vu que nous sommes morts avec Christ. Ce ne doit pas être quelque chose de nébuleux, mais de très précis, car c'est en nous appuyant sur cette base que nous pouvons avancer. Ce n'est pas parce que je me considère comme mort, que je le suis. Mais c'est parce que je suis mort - parce que je vois ce que Dieu a fait de moi en Christ - c'est pour cela que je me considère comme mort. C'est la juste manière de se considérer. Il ne s'agit pas de le faire pour arriver à la mort, mais je le fais parce qu'elle est accomplie.
Vous donc Aussi, Considérez-vous Comme...
Que signifie se considérer comme? « Considérer » signifie en grec tenir des comptes, faire de la comptabilité. Tenir des comptes est la seule chose au monde que nous, êtres humains, puissions faire avec précision. Un artiste peint un paysage. Peut-il le faire avec une exactitude parfaite ? L'historien peut-il garantir l'exactitude absolue d'une donnée, ou le géographe, la fidélité exacte d'une carte ? Ils peuvent, au mieux, arriver à faire d'assez bonnes approximations. Dans la conversation courante même, quand nous essayons de raconter un incident avec la meilleure intention d'honnêteté et de véracité, nous sommes incapables de parler avec une entière exactitude. Il est si facile d'exagérer ou d'atténuer les faits, de dire un mot de trop ou de trop peu. Qu'est-ce que l'homme peut faire qui soit absolument digne de confiance ? L'arithmétique ! Il n'y a là aucune place pour l'erreur. Une chaise plus une chaise font deux chaises. Cela est vrai à Londres, et c'est vrai au Cap. Que vous alliez à l'Ouest, à New York, ou à l'Est, à Singapour, ce sera partout la même chose. Dans le monde entier, et dans tous les temps, un et un font deux. Un et un font deux, dans les cieux, sur la terre, et en enfer.
Pourquoi Dieu nous dit-Il de nous considérer comme morts ? Parce que nous sommes morts. Poursuivons notre analogie avec la tenue des comptes. Supposons que j'aie huit cents francs dans ma poche, que vais-je inscrire sur mon livre de comptes ? Puis-je inscrire sept cents francs, ou neuf cents francs ? Non, je dois inscrire dans mon livre de comptes ce qui est réellement dans ma poche. Tenir des comptes, c'est reconnaître des faits ; ce n'est pas de la fantaisie. Ainsi donc, c'est parce que je suis réellement mort, que Dieu me dit de me considérer comme tel. Dieu ne pourrait pas me demander de me considérer comme mort si j'étais encore vivant. Pour une telle gymnastique mentale, le mot « considérer » ne serait pas approprié ; il faudrait plutôt parler de « supposer ».
Considérer n'est pas une forme de prétention. Cela ne signifie pas que, si j'ai seulement six cents francs dans ma poche, je puisse espérer qu'en portant faussement sept cents francs sur mon livre de comptes, une telle comptabilité pourra d'une manière ou de l'autre combler le déficit. Pas du tout ! Si je n'ai que six cents francs et que j'essaie de me persuader en répétant, - « J'ai sept cents francs ; j'ai sept cents francs ; j'ai sept cents francs », - croyezvous que l'effort mental réussira à affecter la somme qui est dans ma poche ? Pas le moins du monde ! Aucun effort de persuasion ne pourra changer six cents francs en sept cents francs, et ne rendra vrai ce qui est faux. Mais d'un autre côté, s'il est vrai que j'ai sept cents francs dans ma poche, je puis, en toute liberté et avec une grande assurance, inscrire sept cents francs dans mon livre de comptes. Dieu nous demande de nous considérer comme morts, non pas pour que nous mourions en le faisant, mais parce que nous le sommes. Il ne nous a jamais demandé de reconnaître une chose qui ne serait pas un fait.
Nous avons dit que cette révélation nous amène naturellement à nous considérer comme morts ; mais nous ne devons pas perdre de vue que c'est un ordre qui nous est donné : « Considérez-vous... » C'est une attitude bien précise à prendre. Dieu nous demande de faire le compte, d'inscrire « Je suis mort », et de rester là. Pourquoi ? Parce que c'est un fait. Lorsque le Seigneur Jésus était sur la Croix, j'y étais en Lui. C'est pourquoi je considère que c'est vrai. Je le reconnais et déclare que je suis mort en Lui. Paul dit : « Considérez-vous comme morts pour le péché et comme vivants pour Dieu. » Comment est-ce possible? « En Jésus-Christ ». N'oublions jamais que c'est toujours et seulement vrai en Christ. Si vous regardez à vous-mêmes, vous penserez que la mort n'est pas là, mais c'est une question de foi, non pas en vous-mêmes, mais en Lui. Vous regardez au Seigneur, et vous savez ce qu'Il a accompli. « Seigneur, je crois en Toi. Je considère le fait en Toi ». Restons dans cette attitude de foi à chaque instant.
« Considérez-Vous » par la Foi
Les quatre premiers chapitres - et jusqu'au verset 5 du chapitre 5 - des Romains parlent de la foi, de la foi, et encore de la foi. Nous sommes justifiés par la foi en Christ (Romains 3, 28 ; 5, 1). La justice, le pardon de nos péchés, et la paix avec Dieu, tout est à nous par la foi, et sans la foi dans l'oeuvre parfaite de Jésus-Christ, personne ne peut rien posséder. Mais dans les chapitres suivants, nous ne trouvons plus cette mention répétée de la foi, et il pourrait sembler tout d'abord que l'accent soit mis sur autre chose. Il n'en est cependant pas ainsi, car là où manquent les mots « foi » et « croire », c'est le mot « considérez-vous » qui prend leur place. « Se considérer » et « croire » sont pratiquement ici la même chose.
Qu'est-ce que la foi ? La foi est notre acceptation d'un fait de Dieu. Elle a toujours son fondement dans le passé. Ce qui regarde vers l'avenir est plutôt l'espérance que la foi, bien que la foi ait souvent son objet ou son but dans l'avenir, comme nous le voyons dans Hébreux 11. Est-ce peut-être pour cette raison que le mot choisi soit ici « se considérer ». C'est un mot qui est lié seulement au passé - à ce que nous regardons en arrière comme établi, et non pas en avant comme étant encore à venir. C'est la foi que décrit Marc 11, 24 : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez obtenu et cela vous sera accordé ». Ce qui nous est dit ici, c'est que, si nous croyons que nous avons déjà obtenu ce que nous demandons (c'est-à-dire, en Christ naturellement), alors « cela nous sera accordé ». Croire que nous pourrions l'obtenir, ou que nous pouvons l'obtenir, ou que nous l'obtiendrons, ce n'est pas la foi dans le sens dont il est parlé ici. Croire que nous l'avons déjà obtenu, voilà la vraie foi. La foi, dans ce sens, se repose sur ce qui a été fait dans le passé. Ceux qui disent, - « Dieu peut », ou « Dieu pourrait », ou « Dieu doit », ou « Dieu veut » faire, n'ont pas nécessairement la foi. La foi dit toujours, - « Dieu l'a fait ».
Quand donc ai-je la foi, en ce qui concerne ma crucifixion ? Non pas lorsque je dis, - « Dieu peut ou veut, ou doit me crucifier », - mais quand je dis avec joie, - « Que Dieu soit loué, en Christ je suis crucifié ! »
Le chapitre 3 des Romains nous montre le Seigneur Jésus portant nos péchés et mourant à notre place, comme notre Substitut, afin que nous soyons pardonnés. Le chapitre 6 des Romains nous montre que, nous-mêmes, nous avons été inclus dans Sa mort et que, ainsi, Il a assuré notre délivrance. Quand le premier fait nous a été révélé, nous avons cru en Lui pour notre justification. Dieu nous demande de reconnaître le second fait pour notre délivrance. Ainsi, pour un but pratique, « se considérer » dans la seconde section des Romains remplace « la foi » de la première section. Le sens est le même. Comme nous entrons dans la vie chrétienne normale, nous la vivons progressivement, par la foi en une réalité divine : en Christ et en Sa Croix.
Les Tentations et les Chutes – le Défi de la Foi
Les deux plus grandes réalités de l'histoire sont donc, pour nous, celles-ci : tous nos péchés ont été effacés par le Sang, et nous avons été, nous-mêmes, mis de côté par la Croix. Mais qu'en est-il maintenant du problème de la tentation ? Quelle doit être notre attitude quand, après avoir vu, et cru ces faits, nous voyons les anciens désirs surgir de nouveau ? Ou, ce qui est pire encore, si nous retombons dans un péché connu ? Est-ce que cela prouvera que toute la position dont nous venons de parler est fausse ?
Souvenons-nous que l'un des buts principaux du Malin est toujours de nous faire douter des faits divins. (Pensons à Genèse 3, 4-5). Après que nous aurons vu, par une révélation de l'Esprit de Dieu, que nous sommes véritablement morts avec Christ, et que nous l'aurons reconnu, l'ennemi viendra avec ses insinuations : « Il y a quelque chose qui remue intérieurement. Qu'est cela ? Peux-tu appeler cela la mort ? » Lorsque cela arrivera, quelle sera notre réponse ? Ç'est précisément ici qu'est le test. Allons-nous croire aux faits tangibles du domaine naturel qui sont clairement devant nos yeux, ou aux réalités invisibles du domaine spirituel, que l'on ne peut ni toucher ni prouver par la science ?
Il nous faut ici veiller bien attentivement. Il est important de nous rappeler ce qui est établi dans la Paxole de Dieu et dont la foi doit se saisir, et ce qui ne s'y trouve pas. Comment Dieu déclare-t-Il que la délivrance est accomplie ? Il ne nous est pas dit, en premier lieu, que le principe du péché en nous soit déraciné ou enlevé. Si nous nous appuyions sur cela, nous serions sur une base entièrement fausse, et dans la fausse position de l'homme dont nous avons déjà parlé et qui, malgré les six cents francs qu'il a dans sa poche essaie d'en porter sept cents sur son livre de comptes. Non, le péché n'est pas déraciné. Il est bien là et, si l’occasion s'en présente, il triomphera de nous et nous fera de nouveau commettre des péchés, consciemment ou inconsciemment. C'est pourquoi nous aurons toujours besoin d'avoir recours au Sang précieux.
Mais il y a une différence entre le problème du péché et celui des péchés. Nous savons que Dieu agit de façon directe à l'égard des péchés commis; Il en efface le souvenir par le moyen du Sang. Mais lorsqu'il s'agit du principe du péché et de la délivrance de son pouvoir, nous voyons qu'Il le fait de manière indirecte. Ce n'est pas le péché qu'Il met de côté, mais le pécheur. Notre vieil homme a été crucifié avec Christ; c'est pourquoi le corps, qui avait été un instrument du péché, est désormais hors d'emploi. Romains 6, 6 : « Notre vieil homme a été crucifié avec Christ afin que ce corps de péché soit détrut et que nous ne soyons plus asservis au péché * Le péché, l’ancien maître, est toujours là, mais l’esclave qui le servait a été mis à mort et est ainsi hors de son atteinte, et ses membres sont hors d'emploi. La main du joueur est hors d'emploi, la langue du blasphémateur est hors d'emploi, et ces membres sont désormais libres et employés par « Dieu, comme des instruments de justice » (Romains 6, 13).
* Le verbe grec Katargeo, traduit par « détruit » dans Romains 6, 6 ne signifie pas « annihilé », mais « mis hors d'action ». « rendu inopérant ». Il est tiré de la racine grecque argos, qui signifie « inactif », « inopérant », « inutile » ; c'est le mot traduit par « sans rien faire » dans Matthieu 20, 3 et 6, pour désigner les ouvriers non engagés qui se tenaient sur la place du marché. - Ed.
Nous pouvons donc dire que « la délivrance du péché » est une pensée plus scripturaire que « la victoire sur le péché ». Les expressions « libérés du péché » et « morts pour le péché », dans Romains 6, 7 et 11, impliquent la délivrance d'un pouvoir encore très présent et très réel, - et non de quelque chose qui n'existerait plus. Le péché est toujours là, mais nous connaissons la délivrance de son pouvoir dans une mesure qui s'accroit de jour en jour.
Cette délivrance est si réelle que Jean a pu écrire hardiment : « Quiconque est né de Dieu ne commet point le péché... il ne peut pécher » (1 Jean 3, 9). Cette déclaration peut, cependant, si nous la comprenons mal, nous induire en erreur. Par elle, Jean ne nous dit pas que le péché n'existe plus pour nous, et que nous ne commettrons plus de péchés. Il nous dit que le péché n'est pas dans la nature de ce qui est né de Dieu. La vie de Christ a été plantée en nous par la nouvelle naissance, et sa nature est de ne pas commettre de péché. Mais il y a une grande différence entre la nature et l'histoire d'une chose, et il y a une grande différence entre la nature de la vie qui est en nous et notre propre histoire. Pour illustrer cette pensée (bien que l'exemple soit inadéquat), nous pourrions dire que le bois « ne peut pas » s'enfoncer dans l'eau, parce que ce serait contre sa nature ; mais il lui arrivera, dans son histoire, de le faire si une main le retient sous l'eau. L'histoire est un fait. L'histoire est une réalité, de même que les péchés dans notre histoire sont des faits historiques ; mais la nature est aussi un fait et la nouvelle nature que nous avons reçue en Christ est également un fait. Ce qui est « en Christ » ne peut pas pécher; ce qui est en Adam peut pécher et péchera toutes les fois que Satan aura l'occasion d'exercer son pouvoir.
Il s'agit donc pour nous de choisir les faits sur lesquels nous voulons compter et par lesquels nous voulons vivre ou bien les réalités tangibles de notre expérience quotidienne, ou bien le fait plus puissant que nous sommes maintenant « en Christ ». La puissance de Sa résurrection est de notre côté et toute la force de Dieu est à l'oeuvre dans notre salut. « L'Évangile... est la puissance de Dieu pour le salut de tout croyant » (Romains 1, 16). Mais tout dépend désormais de la mesure où ce qui est vrai de l'oeuvre accomplie par Dieu devient une réalité dans notre histoire.
« Or la foi est une ferme assurance des choses que l'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas » (Hébreux 11, 1), « Mais les choses invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4, 18). Je pense que nous savons tous que Hébreux 11, 1 est la seule définition de la foi que nous ayons dans le Nouveau Testament, et en vérité, dans toutes les Écritures. Il est important que nous comprenions réellement cette définition. Le terme grec est traduit par « ferme assurance ». Cependant, ce terme en grec renferme le sens d'une action, et je confesse avoir mis des années à trouver une expression qui, dans notre langue, le rende correctement. Le mot qui paraît bien rendre le sens de l'original est - « l'appropriation des choses que l'on espère ». C'est faire réelles dans notre expérience les choses que nous espérons.
Comment nous « approprions-nous » quelque chose ? Nous le faisons chaque jour. Nous ne pouvons pas vivre dans le monde sans le faire. Pour m'approprier un objet, il faut que j'aie un pouvoir ou une faculté qui le rende réel pour moi. Prenons une simple illustration. Par le moyen de nos sens, nous pouvons nous saisir de certaines choses qui sont dans le domaine de la nature et les faire entrer dans notre conscience. La vue et l'ouïe, par exemple, sont deux de mes facultés qui me permettent de m'approprier le monde de la lumière et des sons. Nous avons des couleurs : le rouge, le jaune, le vert, le bleu, le violet ; et ces couleurs sont des choses réelles. Mais si je ferme les yeux, elles ne sont plus réelles ; elles ne sont plus rien - pour moi. Avec la faculté de la vue, je possède cependant le pouvoir de « m'approprier » la réalité, et par ce pouvoir, le jaune devient jaune pour moi. Ce n'est pas seulement que la couleur existe, mais j'ai le pouvoir de me l'approprier. J'ai le pouvoir de rendre cette couleur vraie pour moi, et d'en avoir réellement conscience. C'est ce que signifie « l'appropriation ».
Si j'étais aveugle, je ne pourrais distinguer les couleurs et si j'étais sourd, je ne pourrais jouir de la musique. Et cependant la musique et les couleurs sont bien des choses réelles, et leur réalité n'est pas affectée par ma capacité ou mon incapacité de les apprécier. Or, nous considérons ici les choses qui, bien qu'invisibles, sont éternelles et, par conséquent, réelles. Nous ne pouvons évidemment nous approprier les choses divines par aucun de nos sens naturels ; mais il y a une faculté qui peut s'approprier les « choses que l'on espère », les choses de Christ, et c'est la foi. Les choses qui sont réelles et dans mon expérience. La foi me rend réelles, à moi, les choses de Christ. Des centaines et des milliers de personnes lisent Romains 6, 6 : « Notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Pour la foi, cela est vrai ; mais pour le doute, ou pour une simple adhésion intellectuelle sans révélation spirituelle, ce n'est pas vrai.
Souvenons-nous encore que nous parlons ici, non pas de promesses, mais de faits. Les promesses de Dieu nous sont révélées par Son Esprit, pour que nous puissions nous en saisir. Mais les faits sont des faits, et ils restent des faits, que nous y croyions ou non. Si nous ne croyons pas aux faits de la Croix, ils n'en demeurent pas moins vrais, mais ils n'ont point de valeur pour nous. Ce n'est pas la foi qui rend ces choses réelles, mais la foi peut se les « approprier » et les rendre réelles pour nous, dans notre expérience.
Il nous faut considérer comme un mensonge du Diable tout ce qui contredit la vérité de la Parole de Dieu, parce que, si elle n'est pas un fait réel pour nos sens, Dieu a établi une réalité plus grande, devant laquelle tout devra finir par s'incliner. J'ai fait un jour une expérience qui (bien que tous les détails ne s'appliquent pas à notre sujet), peut illustrer ce principe. Il y a quelques années, j'étais malade. J'avais eu, durant six nuits, une forte fièvre qui m'empêchait de dormir. Alors Dieu me donna, par l'Écriture, une promesse de guérison, et je m'attendais à ce que tous les symptômes de la maladie s'évanouissent aussitôt. Au lieu de cela, je n'arrivais pas à fermer les yeux, et j'étais au contraire plus agité que jamais. La température montait toujours, le pouls battait plus vite, et la tête me faisait terriblement souffrir. L'ennemi me harcelait, - « Où est donc la promesse de Dieu ? Où est ta foi ? Qu'en est-il de toutes tes prières ? » J'étais ainsi tenté de remettre tout en question dans la prière, mais je fus repris, et cette parole de l'Écriture me vint à l'esprit : « Ta Parole est la vérité » (Jean 17, 7). Si la Parole de Dieu est la vérité, pensai-je, que signifient tous ces symptômes ? Ils ne peuvent être que mensonge ? Alors je déclarai à l'ennemi, - « Cette insomnie est un mensonge, ce mal de tête est un mensonge, cette fièvre est un mensonge, ce pouls si rapide est un mensonge. En face de ce que Dieu m'a dit, tous ces symptômes de maladie ne sont que des mensonges de ta part, et la Parole de Dieu est la vérité pour moi ». Cinq minutes plus tard, je dormais et, le lendemain matin, je m'éveillais tout à fait bien.
Il est évident que, dans une question personnelle comme celle-là, j'aurai pu me tromper quant à ce que Dieu avait dit ; mais, en ce qui concerne le fait de la Croix, il ne peut y avoir aucun doute. Nous devons croire Dieu, si convaincants que puissent paraître les arguments de Satan.
Un menteur habile ne ment pas seulement en paroles, mais aussi. par ses gestes et ses actes ; il peut aussi facilement sasser une pièce fausse que dire un mensonge. Le Diable est un menteur habile, et nous ne devons pas nous attendre à ce que, dans ses mensonges, il se limite à des mots. Il aura recours à des signes, à des expériences, à des sentiments trompeurs, dans les efforts qu'il fait pour ébranler notre foi en la Parole de Dieu. Comprenons bien que nous ne contestons pas la réalité de la « chair ». Nous aurons, en effet, beaucoup à dire à ce sujet au cours de notre étude. Mais il s'agit ici de ce qui peut nous faire sortir de notre position en Christ, qui nous a été révélée. Dès que nous avons accepté notre mort avec Christ comme un fait accompli, Satan fera tout pour nous prouver de façon convaincante, par l'évidence de notre expérience journalière, que nous ne sommes pas morts du tout, mais bien vivants. Il nous faut donc choisir (recevoir la vérité). Allons-nous croire au mensonge de Satan, ou à la vérité de Dieu ? Nous laisserons-nous gouverner par les apparences, ou par ce que Dieu a dit ?
Je suis W. Nee. Je sais que je suis W. Nee. C'est un fait sur lequel je puis m'appuyer en toute confiance. Il pourrait m'arriver de perdre la mémoire et d'oublier que je suis W. Nee, comme aussi de rêver que je suis quelqu'un d'autre. Mais quels que soient mes sentiments, lorsque je dors je suis W. Nee, et lorsque je suis éveillé, je suis W. Nee ; si je m'en souviens, je suis W. Nee, et si je l'oublie, je suis toujours W. Nee.
Mais naturellement, si je prétendais être quelqu'un d'autre, tout me serait beaucoup plus difficile. Si je voulais essayer de me présenter comme Mlle C..., je devrais me répéter tout le temps, - « Tu es Mlle C... ; souviens-toi bien que tu es Mlle C... ». Et malgré tous les efforts que je ferais pour me persuader, il est très probable que si je n'étais pas sur mes gardes et que quelqu'un m'appelait « Monsieur Nee », je serais surpris et répondrais aussitôt à mon vrai nom. La réalité triompherait de la fiction, et tout ce que j'aurais fait pour me considérer autre que ce que je suis s'effondrerait à ce moment crucial. Mais je suis W. Nee, je n'ai donc aucune difficulté à me prendre pour W. Nee. C'est un fait, et rien de ce que je fais ou ne fais pas ne peut le changer.
Ainsi, que je le sente ou non, je suis mort avec Christ. Comment puis-je en être sûr ? Parce que Christ est mort, et que « si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts » (2 Corinthiens 5, 14). Que mon expérience le prouve ou qu'elle semble prouver le contraire, le fait demeure inchangé. Aussi longtemps que je m'appuie sur ce fait, Satan ne peut prévaloir contre moi. Souvenons-nous que ses assauts sont toujours dirigés contre notre assurance. S'il peut réussir à nous faire douter de la Parole de Dieu, il a atteint son but et nous tient en son pouvoir; mais si nous restons inébranlables dans l'assurance des faits établis par Dieu, convaincus qu'Il ne peut trahir Son oeuvre ou Sa Parole, peu importent alors les tactiques adoptées par Satan; nous pouvons bien nous permettre de rire de lui. Si quelqu'un essayait de me persuader que je ne suis par W. Nee, je pourrais avec raison rire aussi de lui.
« C'est par la foi que nous marchons, et non par la vue » (2 Corinthiens 5, 7). Nous connaissons sans doute l'expérience de ces trois personnages, Fait, Foi et Expérience (dans « Le voyage du Pèlerin »), qui marchent ensemble sur le haut d'un mur. Fait avance résolument, sans se détourner ni à droite ni à gauche et sans regarder en arrière. Foi le suit, et tout va bien tant qu'elle garde les yeux fixés sur Fait; mais dès qu'elle se préoccupe d'Expérience, qu'elle se retourne pour voir comment celle-ci avance, elle perd l'équilibre, tombe et entraîne dans sa chute la pauvre vieille Expérience.
Toute tentation consiste premièrement à regarder en nous-mêmes, à détourner nos yeux du Seigneur et a considérer les apparences. La foi rencontre toujours une montagne, une montagne d'évidences qui semblent contredire la Parole de Dieu, une montagne de contradictions apparentes, soit dans le domaine des faits tangibles, des erreurs ou des fautes commises, soit dans le domaine des sentiments et de l'imagination - et c'est ou bien la foi, ou bien la montagne qui doit céder. Elles ne peuvent subsister ensemble. Ce qui est triste, c'est que très souvent la montagne demeure et la foi s'enfuit. Cela ne doit pas être. Si nous avons recours a nos sens pour découvrir la vérité, nous verrons que les mensonges de Satan sont assez souvent en accord avec notre expérience; mais si nous refusons de nous laisser lier par tout ce qui contredit la Parole de Dieu, et si nous maintenons une attitude de foi en Lui seul, nous trouverons alors que les mensonges de Satan disparaissent et que notre expérience entre progressivement en harmonie avec cette Parole.
Pour arriver à ce résultat, il faut que nous nous occupions de Christ, car cela signifie qu'Il devient de plus en plus réel pour nous dans les questions pratiques. Dans une certaine situation, nous Le voyons comme la justice réelle, la sainteté réelle, la vie de résurrection réelle - pour nous. Ce que nous voyons en Lui de façon objective agit maintenant en nous de façon subjective, - mais réelle - afin qu'Il se manifeste en nous dans cette situation. C'est un signe de maturité. C'est ce que Paul exprime par les paroles qu'il écrit aux Galates : « Je souffre de nouveau les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce que Christ soit formé en vous » (4, 19). La foi « s'approprie » les faits de Dieu ; et la foi « s'approprie » toujours les faits éternels - ce qui est éternellement vrai.
Bien que nous nous soyons déjà arrêtés longuement sur ce sujet, il y a une chose encore qui pourra nous aider à le voir plus clairement. Les Écritures déclarent que nous sommes « morts en vérité », mais elles ne disent nulle part que nous soyons morts en nous-mêmes. Nous chercherons en vain la mort en nous-même . c'est précisément là que nous ne la trouverons. Nous sommes morts, non pas en nous-mêmes, mais en Christ. Nous avons. été crucifiés avec Lui parce que nous étions en Lui.
Nous connaissons bien les paroles du Seigneur Jésus «Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous » (Jean 15, 4). Méditons-les un instant. Elles nous rappellent premièrement, une fois encore, que nous n'avons pas à lutter pour entrer en Christ. Il ne nous est pas demandé d'entrer en Christ, car nous y sommes; mais il nous est dit de rester là où nous avons été mis. C'est un acte de Dieu Lui-même qui nous a mis en Christ, (ce n’est point de notre choix ou de notre volonté) et nous, nous devons demeurer en Lui.
Mais ensuite, cette parole pose pour nous un principe divin ; c'est que Dieu a accompli l'oeuvre en Christ, et non pas en nous individuellement. La mort et la résurrection du Fils de Dieu, qui nous englobent tous, ont été accomplies, pleinement et définitivement, en dehors de nous. C'est l'histoire de Christ qui doit devenir l'expérience du chrétien, et nous n'avons point d'expérience spirituelle en dehors de Lui. Les Écritures nous disent que nous avons été crucifiés « avec Lui », que nous avons été vivifiés, ressuscités, assis par Dieu, dans les lieux célestes « en Lui » (Romains 6. 6 ; Ephésiens 2, 5-6 ; Colossiens 2, 10). Ce n'est pas simplement une oeuvre qui doive être faite en nous (bien que ce soit cela, naturellement). Mais c'est une oeuvre qui a déjà été accomplie, en union avec Lui.
Nous voyons, dans les Écritures, qu'aucune expérience n'existe, comme telle. Ce que Dieu a fait, dans Son dessein d'amour, c'est de nous englober en Christ. Ce que Dieu a fait avec Christ, Il l'a fait avec le chrétien ; ce qu'Il a fait à la Tête, Il l'a fait à tous les membres. C'est donc une erreur de penser que nous pouvons expérimenter par nous-mêmes quelque chose de la vie spirituelle, en dehors de Christ. Dieu ne désire pas nous voir acquérir quelque chose d'exclusivement personnel dans notre expérience, et Il ne fera rien dans ce sens, ni pour vous ni pour moi. Toute l'expérience spirituelle du chrétien est déjà vraie en Christ. Elle a déjà été vécue par Christ. Ce que nous appelons « notre » expérience n'est que notre entrée dans Son histoire et dans Son expérience.
Il serait étrange que l'un des sarments d'un cep essaie de porter des raisins rosés, tandis que l'autre essaierait de porter des raisins blancs, et un autre encore des raisins noirs, chaque sarment essayant de produire du fruit par lui-même, sans rapport avec le cep. Cela est impossible, inconcevable. La nature des sarments est déterminée par le cep. Et cependant, certains chrétiens recherchent des expériences, en tant qu'expériences. Ils pensent à la crucifixion comme à une chose, à la résurrection comme à une chose, à l'ascension comme à une chose, sans jamais se rendre compte que tout cela est lié à une Personne. Non, c'est seulement lorsque le Seigneur ouvre nos yeux pour voir la Personne, que nous pouvons avoir une vraie expérience. Toute l'expérience spirituelle vraie signifie que nous avons découvert un certain fait en Christ et que nous y sommes entrés; tout ce qui ne serait pas de Lui, dans ce sens, serait une expérience qui s'évaporerait très vite. « J'ai découvert cela en Christ; alors, que le Seigneur soit loué ! c'est à moi ! Je le possède, Seigneur, parce que c'est en Toi ». Oh ! que c'est grand de connaître les réalités de Christ comme fondement de notre expérience !
Ainsi, le principe fondamental sur lequel Dieu nous dirige dans notre expérience ne consiste pas à nous donner quelque chose. Il ne consiste pas à nous faire passer par certains chemins pour mettre en nous, comme résultat, quelque chose que nous pourrions appeler « notre expérience ». Dieu n'accomplit pas en nous une oeuvre qui nous permettrait de dire, - « Je suis mort avec Christ en mars dernier », ou « Je suis ressuscité des morts le 1" janvier 1937 », ni même « Mercredi dernier, j'ai demandé une expérience précise, et je l'ai eue ». Non, ce n'est pas cela.
Je ne recherche pas les expériences en elles-mêmes, parce que nous sommes dans le temps de la grâce. La notion du temps ne doit pas gouverner ma pensée à ce sujet.
Mais, diront quelques-uns, qu'en est-il de ces crises que, plusieurs d'entre nous, nous avons traversées ? C'est vrai, certains parmi nous ont passé par de véritables crises dans leur vie. Georges Muller, par exemple, a pu dire en se courbant jusqu'à terre, - « Il y a eu un jour où Georges est mort ». Que signifie cela ? Non, nous ne mettons pas en doute la réalité des expériences spirituelles que nous traversons, ni l'importance des crises par lesquelles Dieu nous conduit dans notre marche avec Lui ; nous avons déjà souligné la nécessité pour nous d'être bien précis au sujet des crises que nous traversons dans notre vie. Mais le point sur lequel nous nous arrêtons ici, c'est que Dieu ne nous donne pas des expériences simplement individuelles. Tout ce que nous expérimentons n'est qu'une entrée dans ce que Dieu a déjà accompli. C'est la « réalisation » dans le temps des choses éternelles. L'histoire de Christ devient notre expérience et notre histoire spirituelle; nous n'avons pas une histoire séparée de la sienne. Toute l'oeuvre qui nous concerne n'est pas faite ici en nous, mais en Christ. Il ne sépare pas l'oeuvre faite dans les individus de celle qu'Il 'a accomplie là, sur la Croix. La vie éternelle même ne nous est pas donnée isolément; la vie est dans le Fils et « celui qui a le Fils a la vie » (1 Jean 5, 12). Dieu a tout accompli en Son Fils, et Il nous a mis en Lui; nous sommes incorporés en Christ.
Maintenànt, le point important de tout çela c'est la valeur pratique très réelle de l’attitude de la foi qui dit, - « Dieu m’a mis en Christ c'est pourquoi tout ce, Qui est vrai de Lui est vrai de moi. Je veux demeurer en Lui ». Satan essaie sans cesse de nous faire sortir de notre position en Christ, de nous maintenir en dehors de Lui, de nous convaincre que nous sommes sortis et, par des tentations, des fautes, des souffrances, des épreuves, de nous faire sentir cruellement que nous ne sommes pas en Christ. Notre première pensée est que, si nous étions en Christ, nous ne serions pas dans cet état de faiblesse et que, par conséquent, jugeant ainsi d'après nos sentiments, nous ne sommes pas en Lui; et nous nous mettons à prier, - « Seigneur, metsmoi en Christ ». Non ! Dieu nous demande de « demeurer » en Christ; et c'est là le chemin de la délivrance. Pourquoi? Parce que cela donne à Dieu la possibilité de prendre en main notre vie et d'accomplir Son oeuvre en nous. Cela rend possible l'action de Sa puissance divine - la puissance de résurrection (Romains 6, 4, 9 et 10) - afin que les réalités qui sont en Christ deviennent progressivement les réalités de notre expérience quotidienne et que, là où auparavant. « le péché a régné » (Romains 5, 21), nous fassions désormais la joyeuse découverte que nous ne sommes réellement «plus asservis au péché » (Romains 6, 6).
Lorsque nous nous appuyons fermement sur la base de ce qu'est Christ, nous trouvons que tout ce qui est vrai de Lui devient vrai en nous, dans notre expérience. Si, au contraire, nous revenons sur la base de ce que nous sommes en nous-mêmes, nous verrons que ce qui est vrai de notre vieille nature reste vrai dans notre expérience. Si nous restons là, en Christ, nous avons tout ! Si nous revenons ici en nous mêmes nous n'avons rien. Nous allons si souvent à la mauvaise place pour trouver la mort de notre moi. Elle est en Christ. Nous n'avons qu'à regarder en nous pour trouver que nous sommes bien vivants pour le péché; mais lorsque nous fixons nos regards au-delà, sur le Seigneur, Dieu veille à ce que la mort agisse en nous, afin que la « vie nouvelle » soit aussi nôtre. Nous sommes « vivants pour Dieu » (Romains 6, 4 et 11).
« Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous ». Cette parole renferme deux choses : un commandement accompagné d'une promesse. Cela signifie qu'il y a, dans l'oeuvre de Dieu, un aspect objectif et un aspect subjectif, et que l'aspect subjectif dépend de l'objectif ; le « moi, je demeurerai en vous » est la conséquence du « demeurez en moi ». Il nous faut prendre garde à ne pas trop nous préoccuper de l'aspect subjectif, et nous replier ainsi sur nous-mêmes. Il faut nous attacher à l'aspect objectif - «demeurez en moi » - et laisser Dieu s'occuper du subjectif. Et c'est ce qu'Il a commencé à faire.
Nous pouvons comparer cela à la lumière électrique. Vous êtes dans une pièce, et le jour baisse. Vous aimeriez avoir de la lumière afin de pouvoir lire. Il y a une lampe sur votre table. Que ferez-vous ? La regarderez-vous fixement pour que la lumière paraisse ? Prendrez-vous un chiffon pour nettoyer l'ampoule ? Non, vous vous lèverez, vous irez de l'autre côté de la chambre où se trouve l'interrupteur, et vous donnerez le courant. Votre attention se porte sur la source de l'énergie, et lorsque vous avez fait le nécessaire, la lumière brille dans votre pièce.
Ainsi, dans notre marche avec le Seigneur, notre attention doit être fixée sur Christ. «Demeurez en moi, et moi, je demeurerai en vous », tel est l'ordre divin. La foi dans les faits objectifs rend ces faits vrais subjectivement. Comme l'exprime l'apôtre Paul, - « Nous tous qui... contemplons... la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à son image » (2 Corinthiens 3, 18). Le même principe reste vrai en ce qui concerne le fruit de notre vie : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit » (Jean 15, 5). Nous n'avons pas à essayer de produire du fruit, ni à nous concentrer sur le fruit produit. Ce que nous avons à faire, c'est de tourner nos regards vers Lui. Et lorsque nous le faisons, Il est fidèle pour accomplir Sa Parole en nous.
Comment demeurer en Lui ? « C'est par Dieu que vous êtes en Jésus-Christ » (1 Corinthiens 1, 30). C'était l'oeuvre de Dieu de nous mettre là, et Il l'a faite. Maintenant, restons là ! Ne revenons pas sur notre propre terrain. Ne regardons jamais à nous-mêmes as en Christ. Regardons à Christ, avec assurance que nous sommes en Lui. Demeurons en Lui. Reposons-nous sur le fait que Dieu nous a mis dans Son Fils, et avançons dans la confiance qu'Il accomplira Son oeuvre en nous. C'est à Lui à réaliser la glorieuse promese que « le péché ne dominera point sur nous" Romains 6, 14). |