Chapitre 5 La
Messe et le Purgatoire Il est très important de faire, dès le début, une distinction entre les doctrines que le Christ a révélées et celles établies seulement par l'Eglise de Rome. Le chrétien évangélique accepte les premières, mais il ne peut reconnaître les autres. Les catholiques romains confondent inévitablement ces deux catégories et acceptent innocemment le tout comme venant de Dieu. Ils n'hésitent pas, par exemple, à croire que les doctrines concernant la messe et le purgatoire soient des dogmes de foi prêchés par les Apôtres et révélés dans les saints Evangiles. Alors qu'en réalité, la messe et le purgatoire sont de simples inventions de Rome. Nous ne trouvons rien dans les enseignements de Jésus-Christ, qui justifie de telles croyances. Il importe donc d'étudier ici, ces deux fausses doctrines qui jouent un rôle si prépondérant dans la vie du catholique romain. D'après
le catéchisme romain, la messe serait le renouvellement réel et actuel
du sacrifice du Calvaire, offert sur l'autel, d'une manière non
sanglante, par un prêtre. La messe romaine et le Sacrifice du Sauveur
sur la Croix, auraient une valeur spirituelle infinie. La messe
l'emporterait sur le Calvaire en ce que celui-ci est un événement du
passé, tandis que celle-là est un beinfait propitiatoire infini du présent.
Rome concède, cependant, parce qu'il serait gênant de prétendre
autrement,
que le Calvaire est tout aussi précieux que la messe. Mais, la messe
demeure tout aussi précieuse que le Calvaire, aux yeux de ces
imposteurs. Je
ne voudrais pas confondre mes lecteurs par de "Faites
ceci en mémoire de moi." Disons
d'abord, que la mémoire d'une personne ou Mais,
même si nous admettions faussement que le Christ soit actuellement et réellement
présent sur les autels romains, il resterait la difficulté de prouver
qu'il s'immole de nouveau, tout comme au Calvaire. JésusChrist s'est
offert une fois pour toutes et cette oblation ne peux pas se renouveler.
C'est S. Paul qui nous l'assure "Et
tandis que tous les prêtres sont là chaque jour pour remplir leur
office et offrir à maintes reprises les mêmes sacrifices à jamais
impuissants à enlever les péchés, lui après avoir C'est, en effet, par une oblation unique qu'il a rendu
parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés."- (S. Paul, Héb.
X, 11-15). Notons bien encore une fois, que ce texte évangélique,
comme tous ceux cités dans ce volume, est tiré de la Bible approuvée
par Rome, celle du chanoine Crampon. Le pape reconnaîtrait donc, avec
S. Paul, que le Christ a offert une oblation unique et suffisante et que
les prêtres en offrent tous les jours, mais elles sont impuissantes à
enlever les péchés. Mais, pourquoi ne pas l'avouer ?
Il dit encore que la messe est le renouvellement du sacrifice du
Christ; non pas une mémoire, mais la réalité; non pas une pieuse cérémonie
à valeur limitée, mais une oblation du Sauveur à valeur infinie.
D'ailleurs, puisque le Christ, comme dit S. Paul, par une seule oblation
a rendu parfaits les croyants... et cela pour tous les temps, il ne
peut plus être question d'autres sacrifices pour la rémission des péchés.
La messe est donc non seulement inutile, mais une abominable imposture
de l'Église de Rome. Ce n'est qu'en.1215, au concile de Latran, que la
messe fut déclarée officiellement par l'Église, être un renouvellement
du sacrifice du Christ. Les Apôtres et les premiers chrétiens, qui
n'avaient jamais entendu parler d'une doctrine si étrange, et qui étaient
alors décédés depuis plus de mille ans, auraient gémi dans leurs
tombeaux, s'ils avaient pu entendre une proclamation si sabotageuse des
enseignements chrétiens. Les Apôtres célébraient la communion du pain et du vin en
mémoire du sacrifice de Jésus, comme il leur avait enseigné. Le pain
représentait le corps de Jésus, broyé sur la Croix, et le vin était
le symbole de son sang versé pour nos péchés. C'est ce que font les
protestants évangéliques aujourd'hui. Comme les Apôtres, ils savent
bien Que la sacrifice réel du Christ est suffisant et ne peut pas se
renouveler. Il n'y a que l'Église de Rome qui s'est départie de ces vérités
chrétiennes en inventant la messe. Maintenant, il faut dire un mot du purgatoire. Ce serait un
lieu où les âmes des justes souffrent dans un feu ardent, afin
d'expier la peine temporelle due à leurs péchés, avant d'entrer en
paradis. Encore ici, les Apôtres en n'ont jamais parlé ni n'en
trouvons-nous de traces dans l'Évangile. C'est une vieille idée
paienne et l'Église de Rome l'a officiellement acceptée en 1215. En
cette année mémorable, il y eut de solennelles épousailles au Latran.
La messe devint la chaste épouse du purgatoire. C'était un mariage
officiel, mais il n'en restait pas moins, illégitime, sacrilège et
anti-scripturaire. Mais le pape se soucia guère de ces difficultés
techniques. Ce couple reçut les meilleures bénédictions papales, et
il fut fécond. Aujourd'hui, ce couple peut compter par millions les
rejetons financiers qu'il a produits. Jamais, dans l'histoire de
l'humanité, avons nous vu deux inventions ou deux produits commerciaux
qui ont rapporté tant de millions de dollars, que l'union de la messe
et du purgatoire. Mais n'anticipons pas. Il serait plus facile de prouver par les saintes Écritures,
que les anges ont actuellement des ailes de plumes que de démontrer
l'existence du purgatoire. En effet, les Écritures prouvent la
non-existence de ce lieu. L'Église de Rome enseigne qu'il faut aller au
purgatoire après avoir été absout par le prêtre; que nul ne peut
entrer en paradis avant d'avoir expié la peine temporelle due au péché. Mais, voyons donc ce qui se passa au Calvaire. Le bon larron
qui avait vécu dans le péché, mais qui au "En vérité je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi
dans le paradis." (S. Luc, XXIII, 43) Jésus-Christ, en pardonnant
cet homme, aurait oublié de l'envoyer au purgatoire pour expier la
peine temporelle due à ses péchés... Si ce pécheur pardonné est allé
au purgatoire, il n'est pas resté longtemps. Jésus l'a dit, il est
entré au ciel le jour même de sa mort. Aujourd'hui, la durée dans ce
lieu de supplice semble un peu plus longue. Il n'est pas rare pour un
curé d'annoncer une messe payée, pour le repos de l'âme d'une dame de
Sainte Anne, lors du dixième anniversaire de sa mort. Et pourtant, c'était
une sainte âme, une qui avait probablement gagné beaucoup
d'indulgences, recité plusieurs chaplets et décédée ointe des
saintes huiles romaines. Le fait est que le salut est gratuit et que l'expiation des péchés
a été accomplie, une fois pour toutes, par le Sauveur Jésus. La
doctrine romaine de mériter son salut et d'expier ses fautes par la
souffrance, est absolument contraire à l'Évangile. Cette doctrine
scandaleuse et anti-scripturaire fut inventée par Rome pour justifier
la messe et le purgatoire. Nous verrons maintenant les raisons profondes
qui ont poussé Rome à célébrer, avec tant de joie, l'alliance entre
le purgatoire et la messe, en 1215. Nous savons que l'Église catholique encourage les gens à
faire dire de nombreuses messes pour le repos des âmes de leurs parents
et amis. D'un côté, elle enseigne qu'une seule messe a une valeur
infinie et, parconséquent est capable, en elle-même, de délivrer
toutes les âmes du purgatoire. De l'autre côté elle s'écrie
"Faites dire des messes, faites dire des messes." Mais, si une
messe a une valeur infinie, pourquoi alors en payer plusieurs? Rome a
une réponse; elle est très bonne car nous ne pouvons pas la vérifier.
Ecoutez, mes amis, la réponse intéressée d'un théologien romain: "Il faut continuer à faire dire des messes, car ça dépend
de la volonté Dieu d'appliquer en entier ou en partie, la valeur
infinie d'une messe." Les prêtres offrent en vente des messes à valeur infinie,
mais ne peuvent garantir si elles seront actuellement même utiles aux
âmes en faveur desquelles elles sont payées. Dans la vie commerciale
lorsqu'un agent essaye de vous vendre un produit valant mille dollars,
dit-il, mais pressé d'expliquer davantage, il admet qu-il ne peut
garantir que l'objet vaille même un dollar, vous appeliez ça
simplement une fraude. Il y a toutes sortes de fraudes, même de saintes
fraudes. L'explication du théologien romain, donnée plus haut est très
subtile et satisfait ordinairement le catholique docile. Mais, la réponse
correcte qu'il ne veut pas publier est celle-ci: deux, trois... dix
messes rapportent plus en rémunérations financières qu'une seule
messe. Et que dire des messes dites perpétuelles? D'après Rome, il y aurait des âmes condamnées au purgatoire jusqu'à la fin du monde. De là vient l'encouragement aux riches et aux puissants de laisser assez d'argent dans les coffrets sacerdotaux, pour au moins une messe L'an, pour le repos de leurs âmes, jusqu'à la fin des temps. Des rois et princes du Moyen âge ont succombé à cet appât papal, et ont droit maintenant à une messe annuelle pour le soulagement de leurs âmes au purgatoire. Des milliers d'autres ont laissé leurs fortunes à l'Église pour des messes perpétuelles qui aideraient leurs âmes dans les siècles futurs. Tellement d'argent et de biens matériels furent, amassés qu'il n'y avait pas assez de prêtres au monde, pour remplir les obligations acceptées par Rome, de célébrer tant de messes et de soulager tant d'âmes dans le purgatoire. Un pape plus moderne a vite trouvé une solution à ce problème. Il demanda aux prêtres de dire trois messes de "requiem" le deux novembre de chaque année dont l'une devra être une contribution vers cette dette romaine monumentale. Pour encourager les fidèles à verser des sommes de plus en
plus considérables pour le paiement de messes pour les âmes du
purgatoire, Rome se sert de multiples moyens. Il y a d'abord l'usage des
sentiments humains pour attirer la pitié des survivants. Qui de vous
laisseriez l'âme de votre chère mère ou de votre épouse chérie,
souffrir dans un feu ardent? Qui oserait lui refuser la délivrance pour
la modique somme de cinq dollars. Puis, il y a le mois des morts, les services anniversaires
et les messes grégoriennes. Il y a aussi la publication approuvée de
volumes traitant des apparitions fictives des âmes du purgatoire. Mais
le moyen le plus commun et le plus productif, est encore celui de faire
usage des sentiments humains, peut-être de la crainte ou de l'orgueil.
Le curé annonce du haut de la chaire, les grand'messes payées, qu'il
va chanter durant la semaine. Que va faire le pauvre cultivateur qui
vient de perdre son épouse? Il doit faire chanter des messes au moins
à chaque mois à la suite de la mort de son épouse, autrement il
serait accusé d'avoir oublié trop tôt la compagne de sa vie. Des
basses messes ne suffiraient pas, car celles-ci ne sont pas annoncées
en chaire et les paroissiens n'auraient aucun moyen de savoir que le
mari en deuil n'a pas encore oublié sa femme. Pour encourager les paroissiens à payer des messes, le curé
va parfois faire un bon sermon sur le purgatoire, le meilleur de
l'année. Il y ajoutera des anecdotes concernant des apparitions
mystérieuses des âmes du purgatoire et finira par ces paroles qu'il
prétendra être celles des âmes du purgatoire, mais qui s'appliquent
plutôt au prêtre qu'aux âmes: "Ayez pitié de moi, vous du moins qui êtes mes
amis." Le vieux chanoine Garon, de pieuse mémoire, curé de
Saint-Victor de Beauce, annonça un dimanche, qu'il allait chanter une
messe pour sa mère à l'occasion du trente-unième anniversaire de sa
mort. Je lui demandai s'il ne croyait pas que sa mère, une excellente
catholique, était rendue au ciel, après tant d'années au purgatoire.
Voici ce qu'il répondit: "Sans doute qu'elle est au ciel. Mais en annonçant
une messe pour ma mère, si longtemps disparue, cela encourage mes
paroissiens à faire de même et à payer des messes pour leurs parents
décédés même depuis longtemps." Une bonne vieille canadienne-française de Montréal, aussi
patriote qu'elle était bonne catholique, me confia, un jour, qu'elle
avait payé une messe pour le repos de l'âme de Samuel de Champlain,
fondateur de la ville de Québec, en 1608. Elle était native de
Québec. Une autre fois, un bon curé me montra sa nouvelle voiture,
en ajoutant avec un sourire moqueur : "Voila l'automobile que les
âmes du purgatoire m'ont achetée." Ces "bonnes âmes
souffrantes" n'ont pas fait ce cadeau à un seul prêtre, mais à
des milliers d'autres. Elles ont même construit la basilique de
Saint-Pierre, à Rome. En effet, c'est par la vente des indulgences
applicables aux âmes du purgatoire, que l'argent fut obtenu pour la
construction d'un tel édifice. Mais, c'est à l'occasion des funérailles que les âmes du purgatoire sont plus généreuses et comblent les prêtres de bienfaits financiers les phis attrayants. Une âme chère vient de disparaître de ce monde. Elle est maintenant souffrante dans une prison de feu, diront ces mercenaires de Ronge. Allez-vous lui refuser votre assistance? Allez-vous lui montrer votre indifférence en lui payant qu'un service de deuxième classe? En tout cas, Rome va profiter de votre peine naturelle en cette pénible occasion, pour extraire de vous, comme des autres, tout l'argent qu'elle peut. Voici ce qui arrive. a) Avant Les Funérailles Pas de fleurs, les amis, pas de fleurs; c'est une coutume
païenne, dira le curé. D'ailleurs, le curé ne vend pas de fleurs. Il
les permettra, à contre gré, si le lieu et les circonstances
l'exigent. Mais, ce qui est beaucoup mieux, est de placer, près du
cercueil, des cartes mortuaires portant la signature d'un prêtre comme
preuve qu'un certain montant d'argent a été versé à Monsieur
l'abbé, préférablement au curé du défunt, pour la célébration
future de certaines messes pour le repos de son âme. C'est pendant que
ces cartes mortuaires se multiplient près des restes mortels du cher
disparu, que ses parents, foudroyés par une peine naturelle profonde,
doivent maintenant aller au presbytère, pour faire les arrangements
nécessaires pour les funérailles. Voici, dira le curé, non sans
savoir la condition financière des parents éprouvés, la liste des
classes et des prix des funérailles de cette paroisse. Cette liste est
parfois assez longue et compliquée et nous y reviendrons plus loin.
Mais, sur les instances discrètes du prêtre qui leur rappelle la
générosité du défunt et les services qu'il a rendus aux siens, les
parents éplorés, choisiront problement un service -de première
classe. Ils payeront d'avance, et la veille des funérailles, le
carillon de l'église paroissiale, tintera ce soir là, le glas funèbre
solennel qui n'est pas accordé aux services de deuxième classe. b) Durant les Funérailles Que ces funérailles soient de première ou de cinquième
classe, les prêtres (le lionne savent bien, tout de même, que le
défunt a des parents et des amis qui déplorent sa mort et aimeraient
à lui être utiles. Rien de plus facile. Voici les assiettes et
déposez-y votre argent pour des messes pour le repos de son âme. Les funérailles sont à peu près l'unique occasion où le
curé n'est pas fâché de voir les protestants assister à une
cérémonie religieuse dans son église car il sait que ceux-là sont
assez naïfs parfois pour déposer des billets de banque dans la plateau
écelésiastique, en cette occasion, de peur de passer pour des poltrons
et des sans-coeurs. c) Après les Funérailles Il y a alors les nombreuses messes qu'il convient de faire
chanter et dont nous avons parlé plus haut. Puis le service
anniversaire qui peut être aussi dispendieux que le "service sur
corps," si les parents le désirent. Il y aura encore glas
funèbre, église drappée de noir, une imitation de cercueil recouvert
d'un drap mortuaire, tout comme vous le voulez ou comme vous le pouvez,
car il faudra payer en conséquence. Autrement, il n'y aura rien du
tout. Le curé n'est pas même obligé d'avoir une pensée pour votre
disparu, au memento des morts, durant sa messe, ce jour là. Mais,
quelques billets de banque feraient toute la différence au monde.
Alors, il donnerait ses services cléricaux pour le soulagement de
l'âme de votre cher disparu, détenue dans le purgatoire. Mais, nous voulons en finir bientôt de ce sujet dégoûtant. Cependant, nous avons promis au lecteur un aperçu général des tarifs et autres conditions des différentes classes de funérailles dans les églises catholiques. Ces tarifs et conditions varient d'après les règlements des diocèses et les coutumes des paroisses. Mais nous avens en vue ici une paroisse moyenne du Québec, qui se donne le luxe de quatre classes de funérailles. 1. Funérailles de Première Classe Elles auront lieu à dix heures du matin. Les trois autels
seront presque complètement recouverts de draps noirs ainsi que le
sanctuaire et la nef. L'église sera assombrie par de longues draperies
noires qui cacheront les fenêtres. Il y aura messe avec diacre et
sous-diacre, et les officiants seront vêtus d'ornements les plus
précieux. Il y aura même des messes aux autels latéraux. Le
catafalque sera entouré de nombreuses chandelles. La chorale des Dames
de Sainte-Anne ou peut-être celle du couvent se chargera des frais du
chant. En tout cas, le "libera" sera probablement rendu en
parties. Ce service coûtera environ cent dollars et peut-être plus, si
l'on fait étendre, de la balustrade jusqu'à la porte de sortie, le
nouveau tapis noir récemment acquis par la Fabrique. 2. Funérailles de Deuxième Classe Ce service aura lieu à neuf heures, peut-être à dix
heures, si un curé conciliant le permet. Le beau tapis noir restera
roulé dans une armoire de la sacristie. Les vêtements liturgiques des
célébrants seront un peu moins riches et les assistants pourront
remarquer l'absence de certaines banderoles noires qu'ils avaient vues,
la semaine précédente, au service du docteur Pichot. Il y aura moins
de chandelles allumées, mais c'est un beau service tout-de-même. Il ne
coutera que $75.00 et même $60.00, si le célébrant n'est pas
accompagné d'un diacre et d'un sous-diacre. 3. Funérailles de Troisième Classe Elles auront lieu à huit heures du matin. Seul le maître
autel est recouvert d'étoffe noire. La chasuble noire du célébrant
sera de tissure bien commune. Un organiste volontaire et deux ou trois
chantres seront au jubé. L'un d'eux vient de la paroisse voisine et est
ami du défunt. Le célébrant n'aura ancun assistant sinon un enfant de
Choeur qui, au moment de l'absoute, a oublié la navette d'encens dans
la sacristie. Ce service coûtera trente ou quarante dollars. 4. Funérailles de Quatrième Classe Ce service est assez rare dans les paroisses rurales. Qui
voudrait, en effet passer pour avoir si peu d'amour, aux yeux de toute
une paroisse, pour un parent défunt? Il sera célébré à l'heure
ordinaire de la messe quotidienne, à sept heures probablement. Il n'y
aura de noir que la chasuble commune du célébrant et le vieux drap
mortuaire acquis par la Fabrique en 1892. Seul, le bedeau sera au jubé,
et chantera ce qu'il pourra. Ces funérailles ne couteront que $15.00 ou
peut-être $16.00, si le curé désire recompenser son bedeau pour ses
efforts. Celui-ci d'ailleurs, doit se hâter, après ces funérailles
matutinales et sommaires, d'enlever les rustiques chevalets qui ont
servi de catafalque, et de changer le voile du tabernacle, pour le
mariage qui suivra immédiatement. C'est cette dernière cérémonie qui
le préoccupe le plus, car on lui a demandé de chanter "Prends ma
couronne, je te la donne, au ciel, n'est-ce pas, tu me rendreras,"
et il n'a pas encore pratiqué ce numéro avec l'organiste. Il y a des services funèbres qui coûtent beaucoup plus cher que ceux mentionnés ci-dessus. Des funérailles de première classe dans une basilique ou dans une grande cathédrale counteraient plusieurs centaines de dollars. La présence d'un seul chanoine au Choeur vous coûterait dix dollars. Et si vous désirez avoir la présence de tous les douze, alors vous payez cent vingt dollars seulement que pour avoir la consolation de voir ces vieux prêtres retirés et récompensés d'un peu de rouge, réciter leur bréviaire au sanctuaire, durant les funérailles. Et vous avez encore à régler avec le curé, les frais proprement dits du service funèbre. Que ce soit un service des plus solennels ou un des plus modestes, il y a toujours une quête de première classe à ces funérailles. Il est bien regrettable d'avoir à souligner ici, que
l'Eglise traditionnelle de notre peuple, semble vendre ses bienfaits
spirituels en petite ou en grande proportion, selon le montant minime
ou imposant versé dans la poche de ses prêtres. Et même si nous
concédions que Rome ne vende pas les bienfaits spirituels, mais
seulement que les solemnités extérieures, il reste tout de même que
cette distinction entre pauvres et riches, dans les funérailles
romaines, est un scandale des plus honteux. Un paroissien très pauvre meurt. Le gueux infortuné aura
un service de quatrième classe sans aucune marque de deuil dans son
église paroissiale. Il a peutêtre contribué de ses mains à la
construction de cette église, assisté régulièrement aux offices
paroissiaux, mais parce qu'il est pauvre, on l'enterre sans trop de
cérémonies liturgiques. Par contre, voici un riche commerçant de bois qui meurt.
L'on est pas même certain s'il a fait ses pâques. Il assistait à la
messe périodiquement pour ne pas nuire à son commerce, surtout aux
yeux des Soeurs du couvent qui étaient ses meilleures clientes.
Uniquement à cause de son argent, il aura un service de première
classe, avec toutes les pendrioches noires que la Fabrique possède. Il
y aura messe solennelle chantée par Monseigneur Le Gros, assisté du
vicaire et du curé voisin. Les messes aux autels latéraux seront dites
par deux prêtres du séminaire, grands amis du comerçant et surtout
de son argent. La chorale du uvent rendra une messe de
"requiem" en parties; en partie, par sympathie pour le père
défunt d'une ancienne élève, et en partie, par espoir que la veuve
déplorée et reconnaissante, oublira le paiement d'une récente
commande de bois de chauffage, donnée par les bonnes Soeurs. C'est déja assez mal pour les prêtres de profiter de peine
naturelle des survivants, pour extraire d'eux des sommes considérables,
en vue de soulager les âmes leurs chers disparus, dans un purgatoire
imaginaire. ais tous les paroissiens ne sont pas présentement dans le
deuil. L'Eglise de Rome pense à eux aussi, et à trouver des raisons
"très louables" pour les faire payer es messes. Il y a les
messes en l'honneur de tels rots qui les protègent, les messes
d'actions de grâces, les messes pour la pluie ou pour le beau temps et
les messes pour conjurer les insectes nuisibles. Lorsque j'étais
vicaire à Saint-Jean-Baptiste, au Manitoba, un curé d'une paroisse
voisine, ramassa un montant d'argent assez considérable de ses
paroissiens, pour une Messe solennelle, en vue de chasser les millions
de sauterelles, qui menaçaient les récoltes. Les pauvres, inquiets et
troublés par ce fléau, donnèrent généreusement. Les blés dorés
furent néanmoins dévorés par ces insectes destructifs, les
cultivateurs furent frappés de pauvreté et le curé fut le seul à
profiter de la présence des sauterelles. Un autre curé de ma connaissance, ramassa un joli montant de
ses paroissiens pour aller célébrer, à Sainte-Anne-de-Beaupré, une
messe à leurs intentions, sur un autel privilégié de la bonne Sainte
Anne. Mais, avec la compagnie de sa pieuse ménagère, il se diriga vers
New-York plutôt, et prit chambre dans un hôtel distingué de cette
métropole sous les noms de "Monsieur" et de
"Madame". Les paroissiens attendent encore les bienfaits
spirituels de cette messe privilégiée. La jeune femme venait de
quitter la vie religieuse et, apparemment était plus intéressée à la
vie bruyante d'une grande ville, qu'à celle de la "bonne sainte
Anne". |