8 CONSTRUCTIONS THÉOLOGIQUES ET DOCTRINES EXAGÉRÉE
Parmi
les croyants, il se trouve beaucoup d'exégèse (explication) forcée
des textes bibliques. Par là des barrières et des barricades sont
souvent élevées qui présentent de grands obstacles pour l'Église
de Jésus. Quelques-unes des déformations de textes ou de violations de
textes doivent être esquissées ici.
1.
La sécurité éternelle est une telle notion, laquelle es discutée à
l'excès au sein de la chrétienté de langue anglaise. Afin de ne pas
permettre de malentendu, je veux confesser dès 1e début que je crois
aussi que Jésus ne perdra aucun de ceux qui lui ont été donnés par
le Père (Jean 6:39).
La
Eternal security (sécurité éternelle) qui souvent domine 1a pensée
des chrétiens anglais et américains a des effets qui ne sont pas bons
tels que la superficialité, la tiédeur, la paresse dans 1a vie de la
foi. Ensuite elle conduit aussi au légalisme. Je connais un
missionnaire qui a été renvoyé à la maison par le comité directeur
de sa mission et a été congédié parce qu'il prit position contre
l'accentuation exagérée de la sécurité éternelle. En Europe, et
avant tout en Allemagne, on craint de toute façon un peu l'expression sécurité.
Nous employons par contre volontiers le mot assurance.
L'accentuation
exagérée de la «sécurité éternelle» conduit aussi à la déformation
des explications de l'Écriture. Ainsi, j'a souvent entendu dire aux États-Unis
que le roi Saül n'avait pa été rejeté, quoique l'Écriture le dise
sans équivoque. Moïse témoigne du fait que ceux qui ont des relations
avec les morts sont en abomination à l'Éternel et seront exterminés
(Deut. 18:10-12). Saül rechercha la (sorcière) femme spirite d'Endor
et il fut rejeté par Dieu.
Un
pasteur baptiste au Canada, homme fort connu, et que je connais
bien, se permit une explication grotesque de l'Écriture. Il
déclara : «Judas, qui a trahi son maître,
n'était pas perdu; il avait seulement perdu sa récompense et sa
couronne». mais l'Écriture dit que Judas était le fils de
perdition (Jean 17:12).
2.
Une autre spécialité anglaise est la prétention
que Jésus, aux noces de Cana (Jean 2), n'a pas changé l'eau en vin
mais en jus de raisin.
Ici
aussi un malentendu doit être repoussé. Il va de soi que nous devons
agir par tous les moyens contre le mauvais usage de l'alcool. Mais cela
ne signifie pas qu'en le faisant nous devons enlever son sens à la
Bible. Examinons le problème qui concerne le fond dans le Nouveau
Testament d'après les «textes du vin» mis à notre disposition, et
ensuite philologiquement.
a.
Une première allusion nous parvient par la réaction de l'ordonnateur
du repas (Jean 2:10). Il disait avec étonnement: Tout homme sert
d'abord le bon vin, puis le moins bon après qu'on s'est enivré; toi,
tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant». Un ordonnateur de repas
ne doit-il pas savoir ce qui est du jus et ce qui est du vin? Et depuis
quand peut-on s'enivrer avec du jus?
D'après
cette théorie du jus, Paul aurait dû dire à Timothée: «Mais fais
usage d'un peu de jus, à cause de ton estomac» ( 1 Tim. 5:23).
Le
bon Samaritain aurait donc dû verser de l'huile et du jus sur les
blessures de l'homme battu (Lue 10:34). Ce jus aurait depuis longtemps
fermenté dans ce climat chaud. Quelle Infection aurait aussi provoqué
l'homme prêt à secourir avec le jus versé sur les plaies. Ce
n'est pas sans raison que les pharisiens ont insulté Jésus en
l'appelant un mangeur et un buveur (Matt. 11:19). Jésus n'était pas un
buveur (un obscédé, un alcoololique). Un homme n'est pas un buveur
pour avoir pris de temps en temps un verre de vin.
b.
Le gain philologique (science de la langue) est tout aussi clair. La
langue grecque n'a qu'un mot pour le vin: oinos. Pour le jus elle
a une liste de quatre mots: to hygron, soit extrait de fruits et
aussi des corps; chymos, chylos, opos, soit jus de
fruits et jus de
plantes.
Maintenant, il faut aller chercher le contre-argument à la théorie du jus dans l'inspiration de la Bible. Afin de ne pas être immédiatement accusé d'hérésie, je veux dès le début confesser que je crois à l'inspiration de toute la Sainte Ecriture. La Bible est la Parole de Dieu pour moi.
Les
écoles bibliques qui adhèrent à la théorie du jus, croient avec
beaucoup d'autres lieux de formation théologique à l'inspiration
verbale et aussi à la dictée mot à mot par le SaintEsprit. Le problème
controversé de l'inspiration personnelle et de l'inspiration verbale ne
peut pas être discuté ici. Dans l'inspiration verbale on se trouve en
présence de plus de six cents manuscrits (aussi bien des écrits en
majuscules qu'en minuscules) et on a des difficultés parce que les différents
manuscrits qui sont à la base du texte biblique contiennent des
milliers de variantes. Dans l'inspiration verbale on s'aide en admettant
qu'il y a un manuscrit original qui a été dicté mot à mot. Ce
manuscrit n'a pas été retrouvé jusqu'à maintenant. Les représentants
de la théorie du jus doivent donc expliquer pourquoi aucun des
manuscrits connus n'emploient l'expression jus. Pourquoi est-ce que sous
l'inspiration du Saint-Esprit aucun des quatre mots pour jus n'a été
choisi mais que l'unique mot pour vin a été pris ?
Toutefois,
tous les arguments ne servent à rien. Ceux qui n'en veulent pas démordre
en ce qui concerne le jus refusent aux autres chrétiens le profond sérieux
moral. Il y a des écoles bibliques - j'en connais - qui sont si légalistes
qu'elles exigent de ses élèves la confession de foi du jus. Dans ma
collection se trouve la quatre-vingt-seizième leçon d'une telle école
biblique, laquelle fait un devoir pour ses étudiants de croire et
d'annoncer le changement de l'eau en jus. Cette contrainte a été la
cause de ce qu'un jeune homme courageux ait annoncé son départ et se
soit rendu dans une autre école biblique. Dans
mes nombreux voyages de conférences à travers tous les continents, on
pouvait observer que les églises ayant une tradition calviniste
exercent souvent une exégèse fixe ou même légaliste de l'Ecriture (Il
ne faut pas négliger que le légalisme se trouvent surtout parmi les groupes
à doctrines Arminiennes tels chez les Évangéliques). Les
églises de tradition luthérienne sont souvent plus empreintes de
l'Evangile. Des dangers se trouvent dans les deux directions. L'étroitesse
conduit au légalisme et à la tyrannie. La largeur penche vers la tiédeur
et la paresse.
3.
En aucun mouvement d'aujourd'hui il ne se trouve
autant de constructions et d'exagérations que dans le mouvement des
langues et dans le nouveau, mouvement charismatiques. Qu'on lise
à cet égard le chapitre qui s'y rapporte dans ce livre. Tout
interprète de l'Ecriture doit s'orienter sur les passages bibliques
suivants: Deutéronome
4:2 : «Vous n'ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n'en
retrancherez rien».
Apocalypse
22:18-19: Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux
décrits dans ce livre; et si quelqu'un retranche quelque chose des
paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de
l'arbre de la vie...»
Ne
rien ajouter - ne rien retrancher) Quel théologien est si présomptueux
qu'il dise que dans chaque point de l'Ecriture Sainte il se soit acquitté
envers son devoir à l'égard d'un danger ou de l'autre?
Dans
le passage suivant il est à peine nécessaire de dire à quel camp
j'appartiens. Des centaines d'expériences et d'exemples m'ont, démontré
que les mouvements à l'esprit exalté du présent ne viennent du
Saint-Esprit. Cela ne veut toutefois pas dire que dans son propre camp
aucune faute d'interprétation ne peut se faire.
Commençons
avec l'extrême droite, chez les représentants du dispensationnalisme.
Ils déclarent que tous les dons du SaintEsprit ont cessé avec l'époque
apostolique. On peut lire cela par exemple chez Bullinger The
Foundations of dispensational truth, page 249. Là il est écrit:
«Ceux
qui prétendent que ces signes durent ou devraient durer... sont trompés
par le grand ennemi de la Parole de Dieu ».
Bullinger
place la fin des miracles apostoliques à la fin des Actes des apôtres,
chapitre 28. Mais ce chapitre est plus ancien que les chapitres sur le
parler en langue de 1 Cor. 12-14. Cette
théologie contient beaucoup de motifs, de vérité. Mais je refuse ses
exagérations. Sur
la moitié de l'aile des opposants du soi-disant «Mouvement
charismatique», il y a tout autant de problèmes. Ici il y va de
l'interprétation de I Cor. 13:8. Sur cet unique verset on pourrait écrire
une thèse de doctorat. Il est complètement impossible de décrire
ici tout le cercle de questions de ce seul verset.
Premièrement
nous citons le verset: «La
charité ne périt jamais. Les prophéties prendron fin (Katargethesontai),
les langues cesseront (pausontai), connaissance disparattra (katargethesetai)».
Les expressions grecques ont été mises entre parenthèses parce qu'en elles des discussions de longue haleine sont rat tachées. Nous ne pouvons pas entrer dans cette discussion à caractère problématique. Il ne s'agit en somme ici que de constructions. Et elles, je les ai souvent rencontrées.
Dans
deux voyages de conférences en Nouvelle Zélande, plusieurs
publications contre le mouvement des langues me son tombées sous la
main, comme par exemple:
The
Modern Tongues and Healing Movement (Carrol Stegall). Le mouvement
moderne des langues. The doctrines of Tongue (W.G. Broadbent). Les
doctrines des langues. Ce
qui me lie à ces auteurs, c'est le combat de résistance contre le
mouvement des langues. Ce qui me repousse, c'est le système fixe de
l'interprétation de l'Écriture, une méthode qui ressemble à une
preuve mathématique. Quiconque veut travailler à la Bible avec la
logique humaine et une démonstration de preuves es toujours en danger
de pencher d'un côté.
Depuis
lors, la publication de Broadbent, avec un complément de Fritz Hubmer a
paru en allemand. Le titre en est: Aujourd'hui, encore parler en
langues? et il a été édité par la mission de Liebenzell.
3
En passant, je veux mentionner une faute fatale à la page 171. Fritz
Hubmer, dont les livres sont très appréciés des églises chrétiennes,
écrit ce qui suit: «Oui, même les expulsions des démons sont, selon
l'Écriture, - aussi étrange que cela puisse paraître - des
manifestations de forces de Satan».
Avec
cette phrase, Hubmer tombe sur le dos du pasteur Blumhardt, homme
puissamment rempli de l'Esprit, et sur celui d'autres hommes de Dieu.
Blumhardt a chassé des démons hors de Gottliebin Diffus, et cela n'était
pas une manifestation de Satan mais de Dieu. J'ai relu l'affirmation de
Hubmer peut-être bien une dizaine de fois et je suis déconcerté de ce
que cet auteur au fondement biblique puisse écrire une telle chose.
Il
ne s'agit pourtant pas de cette affirmation fatale mais de l'interprétation
de 1 Cor. 13: 7. Broadbent, aussi bien que Hubmer, sont
d'avis que la prophétie, les langues et la connaissance ont cessé avec
le rassemblement des écrits du Nouveau Testament - du canon. La
formation du canon se fit, comme cela a déjà été mentionné
ailleurs, aux synodes de Jamnia et de Joppé A.D. 201. mais les deux
auteurs permettent aux six autres dons de l'Esprit qui sont mentionnés
dans I Cor. 12:7-11, de continuer à subsister.
Bullinger
termine tous les, dons de l'Esprit en l'an soixante. Broadbent et Hubmer
terminent l'existence de. trois dons en l'an deux cents et laissent
encore les autres ouverts. A l'extrême gauche se trouvent alors ceux qui parlent en langue et les représentants du mouvement charismatique, qui tous laissent ouverts jusqu'à ce jour tous les dons de l'Esprit. Nous avons les effets de cette théologie non scripturaire, avec ses terribles images, devant les yeux dans le monde entier.
Il
ne s'agit pas ici d'une discussion des dons de l'Esprit. Nous l'avons déjà
eue dans mon livre de poche intitulé: Die
Geistesgaben (Brunnenverlag, Basel) Les
dons de l'Esprit. Charismatic
gifts (Kregel, Grand Rapids, Mich.) Les
dons charismatiques.
Ici,
je veux seulement mettre en garde contre des constructions, aussi
bonnes qu'on ait eu l'intention de les voir.
1
Cor. 13: 8 est aussi interprété de différentes manières par
les hommes de Dieu. Cela prouve qu'ici aussi nous ne connaissons qu'en
partie.
Le
professeur Dr. Karl Heim, un théologien réputé de son ère et un chrétien
pieux et né de nouveau, rapportait ce passage
au retour du Seigneur. Et il connaissait le texte grec mieux que
Broadbent et Hubmer. Il nous montra dans ses cours, parmi d'autres
choses, la signification variée de la conjonction eite - eite.
On peut aussi traduire ici: «même si la prophétie, les langues et la
connaissance cessent, la charité continue à subsister». Ceci veut
dire que l'époque de l'arrêt des dons est laissée ouverte.
Un
jeune théologien, Helge Stadelmann, m'écrivit depuis le séminaire théologique
de Dallas, Etas-Unis, ce qui suit:
En
ce qui concerne la glossolalie (parler en langue) il me semble que le
choix des mots de Paul dans I Cor. 13:8-11 est riche en éclaircissements:
Propheteiai et Gnosis seront enlevés; (katargethesontai). Les
deux sont désignés comme étant des morceaux (ek merous).
Ces morceaux partiels (propheteia - gnosis) seront enlevés
(katargethetai), si la telos vient (clairement
l'accomplissement futur - pas le canon,
comme on l'entend souvent en Amérique). Au milieu de cet emploi
constant des mots, nous trouvons le court énoncé eite glossay
pausontai. Paul emploie ici un tout autre mot (pauomai) et
ne mentionne pas non plus que ce don «sera enlevé» quand la telos
viendra. Est-il donc permis d'arriver à la conclusion que la
glossolalie s'est arrêtée dans une certaine mesure de soi-même (forme
réfléchie du verbe!) déjà avant la fin (telos) qui vient?
Cette interprétation laisserait ouverte la question de savoir quand le
«parler en langue» biblique s'arrêtra, puisque la Bible ne donne pas
de renseignement à cet égard. Mais on constaterait pourtant une
certaine tendance à la disparition de la glossolalie».
Ces
phrases sont libres de la crispation habituelle. Si la Bible laisse
ouverte une dernière phrase, nous ne devons pas la fermer avec nos
constructions. Nous devons pratiquer l'exégèse (faire sortir l'interprétation)
non pas «l'inégèse» (faire entrer l'explication). Nous n'avons pas besoin de constructions subtiles pour montrer le caractère non biblique, bien des fois démoniaque du «mouvement charismatique». Il y a suffisamment de critères bibliques, spirituels, pour établir cette preuve. |